Contrat d’édition ou autoédition : comment choisir ?
Voici une explication détaillée sur ce qu’est un contrat d’édition et pourquoi choisir (ou non) l’autoédition.
Sommaire
I. Contrat à compte d’auteur ou à compte d’éditeur ?
1. Qu’est-ce qu’un contrat d’édition ?
2. Le contrat à compte d’auteur
3. Le contrat à compte d’éditeur
II. L’autoédition : “nouvelle” méthode d’édition
1. Avantages et inconvénients
2. 5 raisons pour choisir l’autoédition
Contrat à compte d'auteur ou à compte d'éditeur ?
Qu’est-ce qu’un contrat d’édition ?

“Le contrat d’édition est le contrat par lequel l’auteur d’une oeuvre de l’esprit ou ses ayants droit cèdent à des conditions déterminées à une personne appelée éditeur le droit de fabriquer ou de faire fabriquer en nombre des exemplaires de l’oeuvre ou de la réaliser ou faire réaliser sous une forme numérique, à charge pour elle d’en assurer la publication et la diffusion.”
(Source : Code de la propriété intellectuelle, article L132-1)
Voilà le cadre général. Se posent alors les questions de droits, de rémunérations et de devoirs de chaque partie.
Il existe des contrats à compte d’auteur et à compte d’éditeur. Je vais commencer par parler du premier, car il est la source de nombreuses confusions.
Le contrat à compte d’auteur
“Ne constitue pas un contrat d’édition, au sens de l’article L. 132-1, le contrat dit à compte d’auteur.
Par un tel contrat, l’auteur ou ses ayants droit versent à l’éditeur une rémunération convenue, à charge par ce dernier de fabriquer en nombre, dans la forme et suivant les modes d’expression déterminés au contrat, des exemplaires de l’oeuvre ou de la réaliser ou faire réaliser sous une forme numérique et d’en assurer la publication et la diffusion.
Ce contrat constitue un louage d’ouvrage régi par la convention, les usages et les dispositions des articles 1787 et suivants du code civil.
(Source : Code de la propriété intellectuelle, article L132-2)
Avec cet article très clair du code de la propriété intellectuelle, on voit bien que le contrat à compte d’auteur n’est pas un contrat d’édition.
Beaucoup d’auteurs pensent avoir des contrats d’édition à compte d’éditeur, ce sont en fait des contrats à compte d’auteur signés avec un éditeur.
Ce n’est pas vraiment qualifiable d’arnaque puisque c’est techniquement légal, mais cela joue sur un flou de compréhension. La nuance est mince, mais très importante.
Ici, l’éditeur n’est finalement qu’un prestataire de service : impression, publication et diffusion.
Un éditeur prestataire
“Assurer la publication et la diffusion” ne signifie pas assurer la promotion. C’est une chose dont les auteurs prennent conscience après la signature d’un tel contrat. Or, la promotion est un travail titanesque pour faire connaître un livre. C’est la promotion d’un livre qui influe sur sa présence en librairie, les achats des lecteurs en magasin ou en ligne.
Autre chose que le contrat à compte d’auteur n’impose pas : l’édition, la correction et la mise en page. Je vois énormément de livres publiés à compte d’auteur et qui ne bénéficient pas d’une correction poussée, un simple décoquillage peut-être, sans plus.
Mieux vaut éviter tout contrat à compte d’auteur, sous peine de voir ses efforts perdus et des risques accrus.
Le contrat à compte d’éditeur
Dans un contrat à compte d’éditeur, l’auteur s’engage à céder ses droits à l’éditeur pour éditer, imprimer, diffuser et promouvoir le livre.
Ici, l’auteur ne doit rien avancer. Rien.
L’auteur cède donc ses droits en échange d’une rémunération proportionnelle (généralement entre 5% et 10%).
De par la production littéraire et le nombre de manuscrits proposés aux éditeurs chaque année, ce type de contrat est considéré comme un Saint Graal par les auteurs. Il est dur à obtenir et limite la prise de risques.
Aujourd’hui, lors d’appels à manuscrits, les maisons d’édition reçoivent énormément de manuscrits. Très peu répondent aux auteurs.
En effet, elles avertissent les auteurs dès l’envoi du manuscrit : “après un délai de 6 mois sans réponse, le refus du manuscrit est acté”.
Parfois, le délai de réponse est même plus long.
L’aventure en maison d’édition est à tenter si vous le souhaitez, je vous conseille patience et persévérance si vous êtes dans ce cas. Vérifiez également tous les termes du contrat avec précaution si on vous en propose un.
Pas de contrat en maison d’édition, que faire ?
L’autoédition : “nouvelle” méthode d’édition

En 2025, de nombreux choix sont à votre disposition pour publier votre livre, l’autoédition en fait partie.
Parmi les plateformes d’autoédition les plus connues, on retrouve bien sûr Amazon KDP, Librinova, Books on Demand ou Bookelis.
Chaque plateforme propose ses propres services et spécificités.
Avantages et inconvénients
L’avantage ici pour l’auteur est qu’il garde tous ses droits et sa liberté d’action.
L’inconvénient est qu’il doit lui-même prendre le rôle de l’éditeur : relecture, correction, couverture, impression, diffusion, promotion…
C’est un inconvénient à prendre en compte avant de se lancer dans l’aventure car corriger un livre à un coût, l’imprimer ou le promouvoir aussi. Le coût est, lui, justifié par les compétences nécessaires pour effectuer ces services.
Le but ici n’est pas de vous vendre du rêve.
Voici, selon moi, les 5 raisons majeures pour lesquelles un auteur voudrait se diriger vers l’autoédition.
5 raisons pour choisir l'autoédition
Raison n°1 : ne plus attendre la réponse d’une maison d’édition
Je vois tous les jours, sur les réseaux sociaux, des auteurs sens dessus dessous après l’envoi de leur manuscrit à une maison d’édition.
Quand est-ce que je vais avoir une réponse ? Comment réagir si on me répond ? Et si je n’ai pas de réponses ? Qu’est-ce que je fais en attendant ?
S’autoéditer, c’est s’enlever ce poids.
Raison n°2 : Avoir une plus grande liberté éditoriale
Le ton, les mots, la composition du récit et les personnages : tous les choix vous reviennent et tous les sujets aussi.
Écrire en étant édité en maison d’édition, c’est aussi avoir des contraintes de sujets et de mots, des contraintes de longueur de manuscrit aussi.
S’autoéditer, c’est ne pas avoir à s’insérer dans une ligne éditoriale d’éditeur.
Raison n°3 : Conserver ses droits
L’éditeur doit demander l’autorisation à l’auteur pour la modification du texte, selon la loi. En pratique, ce n’est pas toujours respecté. Beaucoup d’auteurs voient leur texte modifié ou réduit après la correction d’un éditeur.
C’est la raison pour laquelle, je ne modifie pas les textes moi-même lors des mes corrections. Votre texte vous appartient et vous restez maître des modifications.
S’autoéditer, c’est ne devoir de compte à personne d’autre que soi-même (et la loi 😉).
Raison n°4 : Publier “plus vite”
Alors, ça va dépendre du rythme d’écriture de chacun, on est d’accord.
En maison d’édition, il y a tout un parcours jusqu’à la publication qui peut durer des mois : acceptation du manuscrit par la maison d’édition, tout le travail de services en services pour finaliser le livre, qu’il rentre dans un planning de publication, de diffusion et de distribution, qu’il sorte, que les promotions soient organisées en fonction…
Souvent, entre l’acceptation du manuscrit et sa publication, il peut se passer un an ou plus.
S’autoéditer, c’est rester maître de son propre emploi du temps.
Raison n°5 : Obtenir une meilleure rémunération
J’en ai parlé plus haut : en moyenne la rémunération d’un auteur en maison d’édition varie entre 5% et 10% sur le prix hors taxe du livre.
En clair, qu’est-ce que ça veut dire ? Prenons l’exemple d’un livre à 20€.
La TVA sur le prix du livre est de 5,5%.
20€ – 5.5% = 18,90€
Si votre rémunération est de 10%. Pour chaque livre vendu, vous gagnerez 10% x 18,90€ = 1,89€.
C’est peu, trop peu pour espérer en vivre, trop peu pour avoir une rentrée d’argent supplémentaire également.
Avoir des chiffres clairs, et fiables, sur l’autoédition est très très difficile.
Ce qu’on arrive à déterminer, c’est que l’auteur peut se rémunérer entre 30% et 60% du prix du livre hors taxe.
Dans notre exemple d’un livre à 18,90€ HT, l’auteur peut alors se rémunérer entre 5,67€ et 11,34€ par livre vendu.
Autre différence, la rémunération d’un auteur en maison d’édition se fait une fois par an. À titre d’exemple, KDP verse les redevances aux auteurs tous les 2 mois.
S’autoéditer, c’est choisir les intermédiaires et mieux se rémunérer.
La puissance du choix

Mon métier est de corriger les manuscrits des auteurs indépendants, je défends donc fièrement les auteurs qui font ce choix.
Ce choix d’édition vous appartient.
Personne ne peut vous forcer vers un choix ou l’autre.
Il faut tout de même rester conscient des avantages et des inconvénients de chacun, ne pas signer un contrat à compte d’auteur par défaut (ou par dépit), ne pas se lancer dans l’autoédition sous le seul prétexte que « c’est gratuit et plus facile », ne pas refuser l’un ou l’autre sans réflexion préalable.